J'adore les contes, légendes et mythologies en tous genres et la première chose qui m'a frappée lorsque j'ai commencé à lire ce livre, c'est justement la ressemblance de ce texte avec un récit mythologique oriental. Les relations entre les dieux et les hommes, les amours incestueuses ou multiples, les métamorphoses d'une forme à l'autre, le traitement de l'après-vie... Le ton et l'esprit sont vraiment respectés. En lisant, j'ai réellement eu l'impression de parcourir non pas un roman de fantasy, mais un véritable récit mythologique. Étant amatrice de ce genre, j'ai logiquement apprécié cette lecture, même si l'histoire est assez longue et que le manque d'originalité finit parfois, à force, par se faire sentir aussi.
Petite déception par contre en ce qui concerne l'écriture. En effet, je m'étais laissée dire par l'éditeur qu'il fallait percevoir ce livre davantage en tant qu'ouvrage littéraire qu'en tant que roman de fantasy. En conséquence de quoi, je m'étais attendue à une écriture de qualité, à un style recherché. Or, ce n'est pas le cas. L'écriture est soignée, mais il n'y a pas pour autant de style particulier. Parfois, elle se montre même un peu poussive et contient aussi quelques tournures inadaptées.
Je suis d'accord par contre, concernant le fait qu'il faut éviter d'entrer dans cette œuvre en espérant lire de la fantasy, car comme je l'ai dit on est beaucoup plus proche de la mythologie, bien qu'il s'agisse d'une mythologie fictive. Le traitement des personnages, les relations qu'ils entretiennent, leurs aspirations, et les moyens auxquels ils recourent pour y parvenir, sont entièrement imprégnés des formes mythologiques, qui divergent de façon plus ou moins importante de celles de la fantasy. Vouloir retrouver cette dernière perturberait indéniablement le lecteur, d'où sans doute le sentiment de déception éprouvé par beaucoup. Mais du point de vue d'une perspective mythologique, j'ai trouvé la transposition tout à fait réussie et intéressante.
J'ai particulièrement apprécié les stratégies mises en place par les personnages, et plus encore leur ambigüité. En disant cela, je pense aux dieux, surtout à Astarya. Cette ambigüité est due au fait qu'ils peuvent lire dans les pensées les uns des autres ; conséquence : il leur est impossible de se mentir mutuellement. Chaque fois que l'un d'eux en convainc un autre, c'est forcément par sa sincérité. Le double-jeu doit être basé non sur une tromperie habile, mais sur de vrais sentiments. Difficile dès lors de dire de quel côté ils penchent réellement... Du coup, j'ai suivi chacun de leurs actes avec beaucoup d'intérêt.
Dans l'ensemble, j'ai donc pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage, malgré un léger bémol sur l'écriture ; en outre, je pense qu'il aurait malgré tout gagné à être plus condensé. Mais j'ai peut-être eu cette impression justement à cause du texte...